La réponse est : pas vraiment. Et ce sont des spécialistes qui le disent. Le développement durable a beau être l’un des thèmes principaux de la communication des marques d’outdoor, la réalité est têtue. Il faudrait un changement radical pour que business de l’outdoor et développement durable soient vraiment compatibles…
Le textile serait, selon certaines études, la deuxième industrie la plus polluante au monde après le pétrole et ces dernières années des rapports ont pointé du doigt la pollution directement liée aux vêtements outdoor. L’industrie de l’outdoor a réagi, ayant bien conscience que son terrain de jeu devait être préservé. Mais entre le green washing (comme par exemple ce duvet recyclé qui fait trois fois le tour de l’Europe et deux fois le tour du monde) et les actions concrètes (l’allongement de la durée de vie des vêtements grâce à la réparation), il est difficile de s’y retrouver. Et surtout, on ne pose jamais la question qui fâche : le business de l’outdoor n’est-il pas en train de courir derrière le mirage du développement durable ?
Benjamin Marias, membre de l’agence Air Coop et consultant sur la question auprès de nombreuses marques de l’outdoor, estime que : « le modèle économique tel qu’il est fait aujourd’hui n’est clairement pas compatible. Produire autant de produits à l’avance, les envoyer à l’autre bout du monde, les vendre le plus massivement possible (…) ce n’est pas suffisant ».
De plus, aujourd’hui, la plupart de nos actions se résument à la réduction de nos impacts écologiques, ajoute-t-il. La clé est de passer d’une économie de réduction d’impact à une économie créatrice d’impact positif. Il cite l’exemple de Grown Skis, fabriqués à partir de chanvre et de bois, cultivés en Italie et produit en Allemagne. « Ici, le ski est régénérateur dans le sens où lors de sa fabrication, le chanvre capte plus de CO2 que le ski n’en émet ».
Le changement ne pourra venir que d’une modification du modèle de production globale et pas seulement à l’échelle de l’outdoor, car selon Benjamin, « c’est possible de mettre au coeur de son modèle économique une dimension écologique et sociale. Sans vision, on continuera à suivre le chemin sur lequel on est ».
« Je fais le constat un peu amer que nous sommes une génération d’écolos et de responsables développement durable qui a collectivement failli à sa tâche. Il n’y a pas de radicalité dans les mesures mises en place. On est devenus très bons à être mauvais », renchérit Stewart Sheppard, consultant en développement durable pour le fabricant Gore-Tex.
Selon lui, même le recyclage n’est pas efficace, car « on a beaucoup de difficultés à recycler. Il existe des initiatives qui sont très intéressantes, au niveau des chaussures, des vestes, avec des marques qui font des trucs géniaux, mais on est de l’ordre de 1% de recyclage, voire 0,1% par rapport au volume global de production du produit. Aujourd’hui on n’arrive même pas à recycler tout ce qu’on produit en tant que déchets ». Une belle histoire à raconter mais un effort infime par rapport à la quantité de matériaux utilisée. « Nous ne sommes même pas capables de recycler nos déchets », ajoute-t-il.
Du côté des solutions, il suggère aux marques de se questionner sur la possibilité de rester profitable sans pour autant être obligé d’accroître la production, avec des solutions de locations ou de leasing de matériel. Le consommateur, lui, peut suivre cette petite philosophie de poche : « acheter moins, payer un peu plus et garder plus longtemps« . Stewart se base sur une étude de l’université de Cambridge qui estime que si on gardait nos vêtements neuf mois plus longtemps, cela aurait un impact positif sur l’environnement.
Garder ses vêtements plus longtemps est aujourd’hui la solution la plus simple et la plus efficace à notre portée à tous. Fabrice Pairot de Fontenay le sait bien puisqu’il a crée l’atelier Green Wolf, situé à Servoz (près de Chamonix), où il répare avec son équipe de couturières les vêtements techniques. « On a participé à une étude qui visait à évaluer si l’aspect réparation était plus intéressant que l’échange et la vente. C’était une étude très large parce qu’elle touchait plusieurs secteurs dont l’automobile. Il était clairement montré que plus on fait durer son vêtement plus réduit son impact sur l’environnement, c’est aussi simple que ça ».
Green Wolf assure le service après-vente de grande marques (mais aussi pour les particuliers) pour donner une seconde vie à une veste en parfait état dont seul le zip est cassé, par exemple. En moyenne, il assure plus de 200 réparations par mois, avec un pic de commandes en hiver. « La plus grande fierté qu’on peut avoir, c’est l’évolution – de mentalité – des marques. Au départ quand une marque venait nous voir, elle pensait qu’il n’y avait que quelques éléments de réparable dans un produit, puis on lui disait ‘mais ça aussi c’est réparable, il ne faut surtout pas le jeter !’ Il n’y a quasiment pas de limites à la réparation« .
Liv Sansoz est une alpiniste professionnelle et active dans l’association Protect Our Winter : elle est au coeur de notre problématique. Comme elle le montre au quotidien, elle estime que chacun doit agir à sa mesure. « J’ai envie d’être optimiste et dire que oui, ça sera possible dans une certaine mesure. Mais globalement, tant qu’on envisage de faire du profit, on ne s’inscrit pas dans quelque chose de durable. Je pense qu’il y a des gens qui vont faire évoluer les choses et j’ai envie de croire qu’on va pouvoir aller vers quelque chose de plus durable, avec moins d’impact et que tout le monde s’en portera mieux. On vit dans un monde qui ne va pas dans le bon sens et qui en plus s’accélère. Là on a déjà dépassé des seuils irréversibles.
Je ne peux qu’encourager les amoureux de la montagne et de la nature à faire ce qu’ils peuvent, parce que ne rien faire c’est être complice, par défaut ».
Cet épisode a été créé avec le soutien de Salomon
« Ce qui nous motive, c’est d’enrichir la vie des gens en leur permettant de jouer dans la nature.
Nous menons une vie trépidante où il est bien souvent difficile de se ménager des moments de jeu. Chez Salomon, notre modeste contribution à ce défi consiste à inciter les gens à prendre du temps pour jouer (« Time to Play »). Nous sommes joueurs, mais nous sommes conscients que nous devons jouer de manière responsable.
Ce sentiment de responsabilité nous pousse à nous engager envers :
• Les Joueurs, qui sont l’essence même de nos communautés.
• Les Meneurs de jeu, qui rendent nos jeux possibles en imaginant, en concevant et en fabriquant nos jouets.
• Le Terrain de jeu, où nous vivons nos expériences et qui doit donc être entretenu et protégé.
• Les Jouets, les produits qui nous permettent de vivre ces moments de joie et d’expression et que nous nous efforçons de créer en restant fidèles à nos valeurs.
Tout cela renforce notre volonté d’instaurer un programme de durabilité avec des objectifs clés pour 2025.
Notre priorité : l’information.
Notre but est de transmettre des connaissances, des solutions et de l’inspiration pour jouer dans la nature de manière plus responsable. »
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Quelques chiffres pour aller plus loin dans la réflexion
L’industrie textile
70% de notre garde-robe ne serait pas portée… Un gaspillage très nuisible sachant que, selon une étude britannique, nous achetons environ 20 kilos de vêtements neufs chaque année et que chaque article contribue à hauteur de 20 fois son poids aux gaz à effet de serre.
700 000 tonnes de vêtements consommés en France chaque année.
80 milliards de vêtements sont fabriqués chaque année dans le monde.
12 kilos de vêtements sont jetés tous les ans par chaque Français.
Pollution
70% des cours d’eau en Chine sont pollués à cause de l’industrie textile. Sur son site, l’ONG Greenpeace rappelle que les substances provenant des textiles et rejetés dans l’environnement pendant la fabrication du vêtement sont bien souvent toxiques
70 millions de barils d’essences sont nécessaires pour la production de polyester chaque année.
1 cargo de transport de marchandises = 50 millions de voitures
2500 litres d’eau sont consommés pour fabriquer un tee shirt de 250 grammes.
10% de la consommation mondial de pesticides est engloutie par la production de coton.